Visuel bannière
Commune
Vauvert
Contenu national
Thème
Spiritualité

Carême et ramadan, un sujet au coeur de nos territoires

Paragraphes de contenu
Ancre
0
Titre du paragraphe
"Fondé sur l'Evangile et riche de la diversité des parcours de vie et des convictions religieuses et philosophiques de chacun, le Secours Catholique-Caritas France est ouvert à tous. »
Texte

Le 5 avril dernier, devant la mosquée d’Al Forqane à Vauvert, le four à pain mobile du Secours Catholique de Vauvert est l’objet de toutes les attentions : dès qu’il sera arrivé à la bonne température, il accueillera de succulents plats destinés au dîner de 60 personnes en situation de précarité, pour la rupture du jeûne du soir. Et c’est ainsi que quelques membres et bénévoles de l’équipe du Secours Catholique de Nîmes et Sud-Gard ont eu la formidable opportunité d’échanger sur cette période spécifique de nos calendriers respectifs, le ramadan pour les musulmans et le carême pour les chrétiens.

Une belle initiative qui nous a permis de découvrir cette mosquée, à deux pas de Vauvert, et, accueillis chaleureusement par Mohamed (en charge du fonctionnement des lieux) de visiter ce lieu de prière et de vie, puis avec l’imam, de comparer nos rituels, croyances et pratiques. « La mosquée est ouverte à toutes et à tous, les hommes et les femmes dans des salles de prière séparées, il faut le savoir pour éviter les maladresses » précise Mohamed.

Finalement, que savons-nous de l’Autre, de celui qui pratique une autre religion que la nôtre tout en priant le même Dieu ? Pas grand-chose sur la forme, et peut être encore moins sur le fond. Concernant les musulmans, oui, certes,  nous connaissons les tapis de prière, les cinq prières par jour à des heures précises, l’étrange gymnastique des inclinaisons et des prosternations, le ramadan. Bref, tout ce qu’on voit à la télé, et dans les rues de certains pays musulmans. « Ne connaître l’islam qu’à travers ce qu’on en lit dans les médias, c’est réducteur, et injuste.» explique l’imam, à qui nous ne pouvons répondre que c’est aussi le cas pour notre religion. À chacun de respecter les croyances des uns et des autres, et seule une connaissance fine de l’autre, de sa culture, et de sa religion permet le respect. « Méfions-nous des amalgames terribles, qui font que les religions sont rejetées, et pour certains, sont même à l’origine du mal. En cette période de ramadan et de carême, nous sommes tous dans le même bateau, avec les mêmes devoirs, autour de la prière, du jeûne et de la charité » ajoute l’Imam.


Grâce à Lila, jeune femme de confession musulmane et salariée du Secours Catholique, nous avons pu aller plus loin dans cette découverte. Et pendant que les hommes visitaient la mosquée des hommes, elle nous a demandé de nous déchausser, puis nous a conduites au premier étage, dans la salle de prière réservée aux femmes. Quelques chaises, une « moquette de prière » où chacune a son espace délimité, un écran géant pour permettre de suivre en direct les prières qui se déroulent avec les hommes et en présence de l’imam, dans la grande salle du rez-de-chaussée. Si beaucoup pratiquent leur religion chez elles, elles sont aussi heureuses de venir prier dans leur mosquée et retrouver leur communauté. Lila a ainsi pu nous expliquer le déroulé d’une prière, constituée d’une répétition de Rak’ah ou unité de prière, qui sont les mouvements (posture debout, inclinaisons et prosternations) et invocations à l’adresse de Dieu. La prière de l’aube (Fajr) est composée de deux Rak’at, celle de la mi-journée (Dhuhr) de quatre Rak’at, celle de l’après midi (Asr) de quatre Rak’at, celle du coucher du soleil (Maghrib) de trois Rak’at. Et la prière du soir (Isha) de quatre Rak’at.


Pendant le ramadan, une prière supplémentaire (Tarawih) aux cinq prières rituelles, vient clore la journée, et tout musulman est supposé lire l’intégralité du Coran, chaque année, tout au long de ce mois de Ramadan. Tandis que dans les mosquées, tous les fidèles peuvent venir prier, en continuité, à leur rythme. Un mois dense, riche, où la mosquée ne désemplit pas, de jour comme de nuit. « Après la quatrième prière, Maghrib, a lieu la rupture du jeûne, et les gens rentrent chez eux pour partager un repas en famille » nous dit Lila. Comme l’a expliqué l’imam, la sagesse du jeûne repose sur trois obligations : s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des rapports sexuels, du lever du soleil à son coucher. « C’est un effort que nous faisons, s’abstenir de ce que Dieu réprouve. C’est une sagesse qui nous rapproche de Dieu spirituellement, et nous pousse à aller vers l’autre, à aller vers l’essentiel ». Comme l’a expliqué Corinne Fenêt, responsable de l’animation spirituelle de la délégation du Gard, « Vous avez tous la même privation, ce qui n’est pas le cas pour nous chrétiens. Pendant le carême, nous pouvons faire l’effort de nous priver de quelque chose, qui peut être le tabac, le chocolat ou encore l’utilisation des tablettes informatiques, mais c’est parfois difficile de partager avec d’autres, car nous ne faisons pas porter nos efforts sur le même objet ».


A la suite de cet échange sur ces périodes de jeûne propres à toutes les religions, l’imam de Vauvert nous a rappelé les trois piliers de l’Islam : l’attestation de la foi, la prière et le jeûne. Et précisé que « Le Coran est une science, il faut des années avant de comprendre tout ce qu’il nous enseigne. Et notre croyance n’est pas complète si nous ne prenons pas en compte les autres Livres, comme les Tables de la Loi et les Evangiles. Qui font partie des six piliers de la croyance : Dieu, les Anges, les Livres, les Messagers et les Prophètes (un vrai musulman doit respecter tous les prophètes dont Jésus), le jour de la résurrection, le destin ». Et nous avons pour certains découvert l’importance de Marie pour les musulmans, elle a sa place dans le Coran et dans le cœur de chacun.

Sabine CHABBERT